L’échelle d’expérience : un outil à mettre dans les mains de tous les thérapeutes

Cette échelle est issue du travail de recherche en thérapie expérientielle, dont le Focusing et la Thérapie centrée sur les émotions font partie. Elle a été principalement créée par Eugene Gendlin, qui fut un proche collaborateur de Carl Rogers, le papa de la Thérapie Centrée sur la Personne à la base du courant humaniste en psychothérapie.

L’échelle d’expérience (experiencing scale ou encore échelle d’experiencing pour certains auteurs – Il n’y a pas d’équivalent français) est un outil transversal permettant à tout thérapeute, quelque soit son tropisme théorique, d’avoir des indices de la profondeur de l’expérience de soi de son patient, moment après moment.

Gendlin a pu remarquer que le fait de développer de hauts niveaux d’expérience au cours de la thérapie était relié à l’issue positive de la thérapie.  Il développa alors le Focusing pour permettre d’aider la personne en thérapie à approfondir l’expérience de son ressenti.

Il n’est pas pertinent de chercher à tout prix une profondeur expérientielle importante à chaque séance. Le patient a son propre rythme et le rôle du thérapeute est de l’accompagner, le guider et non de le pousser dans les émotions. Respecter le rythme et le souhait du patient est la seule règle à tenir dans tout travail expérientiel.

Niveau 1 : le patient parle simplement des événements, des idées etc. sans s’impliquer affectivement ni mentionner l’importance que cela relève pour lui

La conversation « brochette »

La principale caractéristique de ce niveau est que le contenu ou la façon de l’exprimer est impersonnel.

Dans certains cas, le contenu est intrinsèquement impersonnel : le narrateur fait un compte-rendu très abstrait, général, superficiel, ou encore journalistique des événements ou des idées sans faire référence à soi. Le contenu ne concerne pas le narrateur. Le narrateur raconte une histoire, décrit d’autres personnes ou événements auxquels il ne participe pas, ou présente un compte-rendu généralisé ou détaché des idées. Rien ne rend le contenu personnel.

Exemples : « Le livre racontait que … » ; « Dans la vie, on ne peut faire confiance à personne » ; « Vous avez changé de voiture ? Vous en êtes content ? » ; « Ma grand-mère n’a pas eu une vie facile ».

Dans d’autres cas, en dépit de la nature personnelle du contenu, l’implication du narrateur est absente, dans le sens où il ne révèle rien d’important à propos de lui-même et ses remarques pourraient aussi bien décrire une autre personne ou encore un objet. Le narrateur est impliqué dans le contenu par moment, mais les associations ne sont pas claires. Le narrateur se réfère parfois à lui-même, mais ses références ne l’implique que peu ou pas du tout. Les pronoms de la première personne ne définissent le narrateur que comme un objet, un spectateur ou un participant secondaire. L’attention est concentrée exclusivement sur les événements extérieurs.

Exemples : « Ma chatte s’est endormie sans souffrance » ; « Je me suis encore fait larguer par Martin. Il m’a envoyé un sms. Je lui ai répondu que … » ; « Alors que je marchais dans la rue, j’ai vu débouler… » ; « J’ai lu un livre qui disait… » ; « J’ai mis le couvercle sur la boîte » ; « Il a marché sur mon orteil » ; « mon bureau est un vrai champ de bataille ».

Le narrateur ne parle pas de ses pensées, de ses sentiments ou de ses réactions. Il se traite comme un objet ou un instrument de l’histoire si éloigné que l’histoire pourrait concerner quelqu’un d’autre. Son mode d’expression est distant, terre-à-terre ou désinvolte, un peu comme dans une petite conversation autour d’une brochette sur le barbecue, ou encore a une qualité mécanique ou répétitive.

Le contenu est un refus sous-jacent, et/ou non exprimé, de participer, un évitement ou une minimisation de l’interaction.

Exemple : T. « Votre mère est décédée hier. Comment vous sentez-vous ? » P. « Boh, ça va. Ma soeur par contre le vit assez mal … et je n’ai pas trop envie de parler de ma soeur aujourd’hui ».

Les réponses minimalistes, sans commentaire spontané sont d’autres exemples de ce premier niveau.

Exemple : T. « Comment vous sentez-vous suite à ce jugement qui vous a retiré la garde de vos enfants ? » P. « Mal ».

Niveau 2 : référence à Soi mais sans implication expérientielle

Je suis un accessoire sans émotion

L’association entre le narrateur et le contenu est explicite.

Soit le narrateur est le personnage central du récit soit son intérêt dans celle-ci est clairement défini. L’implication du narrateur, cependant, ne va pas au-delà de la situation ou du contenu spécifique. Tous les commentaires, associations, réactions et remarques servent à raconter l’histoire ou à exprimer une idée mais ne se réfèrent pas ou ne définissent pas les sentiments du narrateur.

Le contenu est un récit d’événements dans lesquels le narrateur est personnellement impliqué. Ses commentaires établissent l’importance du contenu, mais ne font pas référence à la façon dont le narrateur est impliqué. Les remarques et les associations se rapportent aux éléments externes du récit comme d’autres personnes, des événements, des objets ou encore des actions du narrateur. Elles ne parlent pas des réactions internes ou de la position du narrateur. Si le récit inclut les pensées, les opinions, les souhaits, ou les attitudes du narrateur, celles-ci ne le décrivent qu’intellectuellement ou superficiellement.

Certaines personnes se réfèrent à des idées ou des pensées comme si elles étaient des sentiments.

Exemples : « Je sens que je suis un bon père » ; « Je sens que les gens devraient être plus attentionnés ».

Si les termes comme « je pense » ou « je souhaite » pourraient remplacer le « je sens » sans en changer le sens, la phrase est du niveau 2.

Les événements racontés sont impersonnels, mais le narrateur dit explicitement que le contenu est important pour lui. Par exemple, il exprime son intérêt ou évalue un événement, mais ne montre pas la qualité ou l’importance de son intérêt ou de sa préoccupation pour celui-ci.

Exemple : « Macron et Le Pen au second tour, cela sera un choix par défaut pour beaucoup de monde ».

Le contenu est une autodescription superficielle, abstraite, généralisée ou intellectualisée. les références aux sentiments du narrateur ou à son vécu intérieur sont inexistants. Le passage présente des idées, attitudes, opinions, jugements moraux, souhaits, préférences, aspirations ou capacités qui décrivent le narrateur à partir d’un point de vue externe ou périphérique. On le voit de l’extérieur.

Le contenu révèle les sentiments et les réactions du narrateur implicitement mais pas explicitement. Si le narrateur est émotionnellement activé, cette activation se manifeste dans le non-verbal, non pas de ce qu’il dit. Si le contenu semble être personnellement significatif pour le narrateur mais il ne le dit pas. Si le narrateur mentionne ses sentiments, il les traite de platoniquement, sans s’impliquer, ou encore comme des objets ou les attribue à d’autres. Les pronoms à la troisième personne, en particulier le classique « on se sent », indiquent une non-implication du narrateur.

Exemple : « Lorsque ma fille a compris, elle a commencé à pleurer, je me suis rapprochée d’elle et je l’ai prise dans mes bras. C’est ce qu’on fait en tant que parent ».

Le contenu est le récit d’un rêve, une histoire imaginaire, une hallucination ou une association libre. Ceux-ci devraient être traités comme des récits de niveau 1. Ils sont de niveau 2 si les propos du narrateur l’associent personnellement à l’histoire mais ne parlent pas de ses réactions et sentiments personnels.

Exemple de niveau 1 : « J’ai rêvé d’un bateau sur lequel les passagers tombaient tous malades. C’était vraiment bizarre, car leurs têtes se changeaient en poisson quand ils voulaient parler ».

Exemple niveau 2 : « J’ai rêvé que j’avais embarqué sur un bateau alors que juste avant je me disputais avec mon mari. C’était bizarre car tous les passagers tombaient malades sur le bateau. A chaque fois que je voulais parler, ma tête se transformait en poisson et lorsque j’ai voulu descendre, le personnel de bord m’empêchait de passer la passerelle ».

Niveau 3 : exprime des sentiments mais seulement en relation aux circonstances extérieures

Regard extérieur sur mon ressenti

Le contenu est un récit ou une description du narrateur en termes externes ou comportementaux avec des ajouts concernant ses sentiments ou encore des expériences privées. Ses remarques sont limitées aux événements et situations décrits, donnant au récit une touche personnelle sans décrire le narrateur de façon plus générale. Les autodescriptions restreintes à une situation ou à un rôle spécifique sont également du niveau 3.

Le contenu est un récit d’événements ou la description d’un aspect de l’environnement du narrateur (passé, présent ou futur) avec des remarques personnelles entre parenthèses qui donnent une des informations suivantes :

  • Les sentiments du narrateur au moment de l’événement ou rétrospectivement à ce sujet. Par exemple, « Il ne m’a pas rappelé et cela m’a mis en colère » ou « Il ne m’a pas rappelé ; penser à cela maintenant me met encore en colère quand je vous parle ».
  • La signification personnelle ou l’implication de la situation pour le narrateur en reliant celle-ci à son expérience privée. Par exemple, « il m’a rappelé ce que c’était d’être grondé comme un enfant » ; « Ce fut un de ces moments étranges qui m’envahissent quand je suis fatigué ».
  • L’état de conscience du narrateur au moment de l’événement. Ses remarques comprennent les détails de ses motivations, sa conscience, ses perceptions privées, ou des hypothèses qui sont limitées à l’événement et au moment de celui-ci. Par exemple, « Je savais à l’époque que je réagissais trop fortement mais je ne voulais pas l’admettre » ; « Je suis conscient de vouloir me défendre » ; « Je l’ai fait, même si je sentais combien j’étais stupide ». Les rêves, hallucinations, fantasmes et autres associations libres sont de niveau 3, si les sentiments sont mentionnés.

Le contenu est une description d’aspects précis du style de vie du narrateur ou de son rôle ou encore de ses sentiments et réactions présentés seulement en termes de comportements. L’orateur peut, par exemple, décrire comment il fonctionne comme parent ou dans son travail, ou dire ce qu’il fait quand il se met en colère. Les remarques personnelles enrichissent la description de la situation ou d’une réaction à celle-ci, mais sont limitées au contexte de celle-ci.

En réponse à une question directe, le narrateur nomme explicitement ses sentiments.

Niveau 4 : Le patient est centré directement sur ses sentiments et ses pensées à propos de lui

Voilà qui je suis en dedans

Le contenu est une présentation claire des sentiments du narrateur, donnant sa perception interne, personnelle ou des sentiments à propos de lui. On retrouve dans ce type de discours les sentiments ou l’expérience des événements, plutôt que les événements eux-mêmes. En participant et en présentant cette expérience, le narrateur partage ce que c’est que d’être lui. Ses panoramas intérieurs sont présentés, énumérés ou décrits, mais ne sont pas liés entre eux ou utilisés comme base pour une réflexion plus large de qui il est ou comment il interagit avec son environnement.

Le contenu initial est une situation spécifique qui est élargie et approfondie par des références au narrateur afin de dessiner un portrait de « qui il est » intimement et plus globalement.

  • Il décrit avec de nombreux détails ses sentiments.
  • Il se rapporte aux sentiments et à la façon dont ils apparaissent dans différentes situations.
  • Il lie ses réactions personnelles à des sentiments spécifiques ou encore à son image personnelle.
  • Les sentiments peuvent être des réponses immédiates ou des réponses mémorisées en relation à de situations passées.
  • Les auto-descriptions concernent des aspects internes et personnels du narrateur et non pas d’évaluations morales ou de caractéristiques externes ou comportementales.

Le contenu est une histoire racontée de bout en bout depuis un point de vue personnel. Les détails des sentiments, des réactions, et des suppositions font partie intégrante de la narration, de sorte que ce qui émerge est une image détaillée de l’expérience personnelle du narrateur des événements.

Le contenu est une autodescription dans laquelle le narrateur parle de son point de vue personnel. En parlant de lui-même il rend explicite ses sentiments, sa personnalité, ses croyances, ses motivations et objectifs ainsi que ses perceptions privées. En ouvrant la porte de son intimité, l’orateur donne une image détaillée d’un ou plusieurs de ses états d’être. Le matériel présenté n’est pas analysé ou relié à d’autres choses. L’utilisation de termes « psys » ou d’un jargon abstrait pour décrire les éléments de la personnalité doit être élargie avec quelques détails internes pour être de ce niveau. Par exemple, l’énoncé « Mon ego a été brisé » aurait besoin d’élaboration, tels que « Je me sentais comme si je n’étais rien, comme si personne ne m’avait jamais remarqué ».

Niveau 5 : engagé dans une exploration de ses expériences intérieures

Qu’est-ce que je ressens ?

Le contenu est une exploration délibérée des sentiments et de l’expérience du narrateur.

Il y a deux composantes nécessaires.

Tout d’abord, le narrateur doit poser ou définir explicitement un problème ou une proposition sur lui-même en termes de sentiments. Le problème ou la proposition peut impliquer l’origine, l’ordre ou les conséquences de sentiments ou se rapporter à d’autres sentiments ou processus privés.

Ensuite, il doit explorer le problème de façon personnelle. L’exploration ou l’élaboration doivent être clairement liés à la proposition initiale et doivent renvoyer à un vécu intérieur afin de développer la prise de conscience de son expérience.

Ces deux composantes doivent être présentes.

La proposition ou le problème doivent être énoncés clairement et devraient inclure des références à des sentiments ou à l’expérience personnelle. Si la base introspective du problème est faible, comme dans les références à des comportements ou des styles indésirables, des propositions sur les causes externes des comportements ou des émotions, ou encore la présentation de la séquence temporelle des ressentis, l’exploration ou l’élaboration doivent avoir de solides références au vécu intérieur. Il doit être clair que le narrateur se concentre sur son expérience intérieure plutôt que simplement justifier son comportement.

Le problème ou l’hypothèse sur le Soi sont orientés vers des ressentis, des réactions privées, ou des hypothèses en relation à l’image de soi. Ils peuvent se présenter de différentes manières :

  • Une émotion, une réaction, ou un processus interne, et dans certains cas, un pattern de comportements, peuvent être définis comme problématiques en soi ou par leur rapport conflictuel avec d’autres émotions ou aspect du Soi ; par exemple, « Ma colère est le problème » ou « Pourquoi suis-je tellement en colère ? ».
  • Le narrateur peut se demander dans quelle mesure il éprouve une émotion spécifique : « Est-ce que je me sens vraiment en colère ? » ou « A quel niveau suis-je en colère, vraiment ? ». « Qu’est-ce que je ressens ? » serait plus du niveau trois ou quatre.
  • Le problème ou la proposition peuvent être définis en fonction des conséquences, des relations et des ramifications intérieures personnelles d’un sentiment, y compris ses origines ou ses causes, ainsi que sa place dans une séquence temporelle des sentiments et d’événements internes, son mode d’expression ou ses implications personnelles et privées. Par exemple : « Est-ce que je suis en colère lorsque je me sens inadéquate ? » ou « La façon dont je me mets en colère me dit si j’ai perdu le contrôle de moi-même » ou encore « Je me mets en colère de la même façon que ma mère ».
  • Les émotions, les sentiments, les réactions et les processus internes peuvent être comparés.

Les narrations au sujet du Soi sont explorées ou élaborées à partir du vécu intérieur. Le narrateur peut utiliser des exemples pour illustrer la façon dont il ressent le problème dans des contextes différents ou à des moments différents. Le cas échéant, l’image utilisée pour illustrer le problème doit être explicite.

Le problème peut être lié à d’autres processus ou réactions internes. Dans ce cas, le narrateur précise en faisant des hypothèses ou en proposant une analogie quant à la nature du problème ou son implication avec les événements privés.

Niveau 6 : Synthèse des sentiments, changement de perspective

Activation, synthèse et perspective

Le contenu est une synthèse facilement accessible des émotions, des sentiments nouvellement identifiés ou des expériences pleinement vécues permettant de produire du sens ou allant vers une résolution ou un changement de perspective. Les sentiments immédiats du narrateur font partie intégrante de ses conclusions au sujet de son fonctionnement. Il communique une perspective de soi nouvelle ou enrichie ainsi que l’impact expérientiel des changements dans ses attitudes et sentiments à propos de lui. Le discours concerne l’expérience émergente et présente du narrateur. Il parle à propos des changements ou prises de conscience qui se déroulent au moment où il parle. Ceux-ci sont élaborés verbalement en détail. Mis à part certains contenus spécifiques, le narrateur montre une implication active et immédiate dans l’expérience vécue ainsi que des indices de sa résolution ou de son acceptation.

Les sentiments impliqués sont pleinement et concrètement présents. Les sentiments passés ou les changements passés dans les sentiments sont vécus ou revécus dans le cadre de l’expérience immédiate du narrateur.

Le processus de structuration relie ces événements immédiatement ressentis à d’autres aspects de la vie intérieure du narrateur. Ainsi, un sentiment pourrait être lié tant à l’image de soi du narrateur, qu’à ses sensations, ses opinions, ses émotions, ou encore à des dimensions plus externes de la vie de la personne, comme son comportement. Dans chaque cas, la nature de la relation doit être définie de telle sorte que les détails du fonctionnement intérieur du narrateur ainsi que les conséquences précises du changement qui s’est produit soient explicites Ce n’est pas seulement des sentiments ou l’existence d’une relation qui est mentionnée, mais la nature de la relation et du changement de relation qui sont exposés clairement dans le discours du narrateur.

Le processus permet de synthétiser l’expérience en conduisant à une nouvelle expérience intérieure, personnellement significative ou résout un problème. Après avoir exploré ses émotions et d’autres dimensions de sa vie intérieure, le narrateur éprouve une nouvelle expérience, développe un nouveau point de vue : il a élargi son répertoire de comportements et a transformé les fonctions de certaines expériences par des changements de relations symboliques.

Exemple 1 : « Je comprends maintenant comment ma culpabilité est reliée à mes croyances à propos du travail. Cela me fait me sentir moins idiot de me sentir coupable. J’éprouve même une certaine sympathie pour cette culpabilité. Quel soulagement ! ».

Exemple 2 : « Je ne draguais jamais une fille parce que je me suis toujours vu comme trop petit. J’ai toujours eu peur qu’une fille puisse m’appeler crevette ou quelque chose dans le genre. Je sais que c’est bête mais c’est comme ça. Je suis prêt à prendre ce risque maintenant. Je suppose que cela est parce que je me rends compte que, même si elle le faisait, cela ne me briserait pas. Cela ne me ferait pas plaisir, mais je me sentirais mieux d’avoir au moins essayé ».

Certains changements peuvent être externes, comportementaux ou cognitifs, comme la décision d’agir différemment. Cependant, ils doivent être clairement associés à ses ressentis actuels. Il ne suffit pas seulement qu’une résolution ait lieu ; les expériences sous-tendant le changement de perspective doivent être révélées ou revécues pour satisfaire aux critères du sixième niveau.

Niveau 7 : généralisation à d’autres expériences

Elargissement

Le contenu du discours révèle un élargissement de la prise de conscience du narrateur, de ses émotions immédiates ainsi que de ses processus internes. Il démontre clairement qu’il peut passer d’une expérience à une autre sans que ce soit un évitement, qu’il peut les modifier progressivement au fur et à mesure de son expérience et passer de l’une à l’autre en s’appuyant sur chaque expérience pour approfondir la suivante.

Les descriptions et opinions en à l’expérience de Soi du narrateur rencontre tous les critères du niveau 6 avec en plus des hypothèses sur la façon dont celles-ci peuvent être appliquées à d’autres expériences du narrateur.

Plusieurs patterns expérientiels peuvent être rencontrés :

  • Le narrateur peut commencer par décrire un problème intérieur, l’explorer et parvenir à une perspective nouvelle et l’appliquer à d’autres expériences intérieures.
  • Le narrateur peut intégrer différentes nouvelles perspectives relatives à une expérience de soi, ou du problème, plus étendue et multicontextualisée.
  • Le narrateur peut commencer par une conclusion telle qu’elle peut s produire au niveau 6 et montrer comment ce principe peut être adaptée à une gamme plus large d’expériences personnelles.

L’idée centrale du niveau 7 est d’élargir l’expérience du niveau 6 à un ensemble plus vaste d’expériences personnelles du patient.

Tableau récapitulatif des niveaux d’expérience
niveau contenu expérience
1 Evénements externes ; refus de participer Impersonnelle et détachée
2 Evénements externes ; autodescriptions intellectuelles et comportementales Intéressée, personnelle, participative et distante
3 Réactions personnelles aux événements externes ; auto-descriptions limitées ; descriptions comportementales du ressenti Réactive, affectivement impliquée
4 Descriptions des ressentis et des expériences personnelles Auto-description, association
5 Problèmes ou propositions à propos des ressentis et des expériences personnelles Exploratoire, élaborative, formulation d’hypothèses
6 Synthèse des expériences et ressentis directement accessibles et expérimentés depuis une nouvelle perspective qui change de façon thérapeutique la relation qu’entretient la personne avec ces contenus Ressentis exprimés de façon vive, intégrative, débouchant sur des conclusions et des affirmations
7 Intégration et élargissement de l’expérience à d’autres expériences Expansive, illuminative, confiante, évidente

Référence

The Experiencing Scale: A Research and Training Manual Volume 1, (p.56-63) by M. H. Klein, P. L. Mathieu, E. T. Gendlin and D. J. Kiesler (1969) Wisconsin Psychiatric Institute.

Pour une revue critique de cette échelle et une alternative plus adaptée à la recherche (Mesure de présence à soi) vous pouvez consulter ce mémoire.

Egide Altenloh
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