Vaincre la procrastination : la Just Do It Attitude

procrastinationProcrastination : Méthode simple pour en finir

Merci à Nike pour leur slogan. Je n’aurais pas mieux décrit la procédure pour vaincre la procrastination :

Faites-le !

J’entends déjà les « Oui, mais … » et les « Si c’était si simple … » ou d’autres arguments qui n’ont guère fait avancer le schmilblick depuis que l’homme reporte au lendemain. Renoncer aux arguments du type  » je n’ai pas la motivation « ,  » je ne suis pas vraiment prêt « , « je n’ai pas assez confiance en moi ».

Le sujet de cet article est d’en finir avec les fausses croyances qui vous enferment dans la procrastination sous prétexte de vouloir vous en faire sortir … un jour ?

Au rang de ces croyances, nous comptons le piège de la motivation, le piège de la réussite, la confiance en soi et d’autres que je développe dans cet article.

Si vous souhaitez rester dans le confort de vos croyances, ne lisez pas la suite.

Ok, vous êtes courageux, curieux ou encore vous ne savez pas très bien ce que vous faites. Peu importe, vous avez fait un bon choix en poursuivant votre lecture.

Commençons par …

La motivation

Le plus grand non sens que nous avançons régulièrement avec aplomb est de dire « je manque de motivation ».

Motivation vient du latin MOTIVUS qui signifie « relatif au mouvement, mobile »

Selon cette acception, seul un mort n’a pas de motivation. Tant que votre cœur bat, il y a du mouvement en vous.

Vous ne manquez pas de motivation, vous vous mouvez dans une autre direction, c’est tout.

Cette perspective est beaucoup plus intéressante que celle de manque de motivation car elle permet l’analyse comportementale : on ne peut observer, décrire et transformer que ce qui est présent.

Allons-y.

1 – IDENTIFIER LE COMPORTEMENT CIBLE

Que voulez-vous faire qu’il semble difficile pour vous d’initier ou de maintenir ?

Prenons l’exemple du jogging (on pourrait même prendre l’exemple d’arrêter de fumer, mais je garde ça pour un autre article).

Vous voulez faire du jogging ? Ok.

2 – ARRETER D’ESSAYER

Renoncer à y arriver un jour en essayant. C’est le meilleur conseil que je puisse vous donner. N’essayez plus. Essayer est le meilleur moyen de ne pas y arriver. Alors arrêtez-ça. C’est mieux ainsi, vous comprendrez plus tard.

3 – ANALYSER

Que faites-vous à la place de faire du jogging ?

Rien n’est pas une réponse, rappelez vous, il n’y a qu’un mort pour ne rien faire.

Alors, que faites-vous ?

Admettons que vous regardiez la TV, une série anesthésiante ou un documentaire historique ou encore, animalier.

Voilà où se trouve votre motivation. Vous n’en manquiez pas, vous ne cherchiez juste pas au bon endroit.

Connaissez-vous l’histoire de Nasr Eddin qui cherche ses clés à la lumière d’un réverbère plutôt que là où elles sont tombées ?

Remettre la main dessus, est une chose, savoir pourquoi elle était là en est une autre, et ce qui va nous intéresser particulièrement, comprendre comment elle reste-là.

Qu’est ce qui sous-tend ce comportement d’abrutissement cognitif (ou devrais-je dire « cultiver votre connaissance de la reproduction des hannetons »)? Quel besoin sert-il ? Au service de quelle valeur agissez-vous en faisant cela ?

Le bien-être, le repos, l’amusement, la culture ?

Oui, même un comportement anodin est sous-tendu par une motivation profonde. Quelle est la vôtre ?

Obtenez-vous des bénéfices à court terme ou à long terme ?

Il y a fort à parier que ce soit un comportement dont les bénéfices sont atteints à court terme.

Les comportements qui ont des bénéfices à court terme ont plus de probabilité de se produire que ceux ayant des bénéfices à long terme.

Lorsque vous aurez compris cela, vous aurez la clé pour ne plus tomber dans le piège du « manque de motivation ». Vous n’en manquez pas, vous en avez même beaucoup … pour les bénéfices à court terme.

Maintenant analysons le comportement cible :

  • Quel besoin se cache derrière ce comportement ?
  • Au service de quelle valeur travaille-t-il ?
  • La santé, le bien-être, le dynamisme ?
  • Pourquoi voulez-vous courir ?
  • Qu’est-ce que cela va vous apporter à long terme ?

Question finale :

Vous serait-il possible de vivre épanouis sans ces bénéfices à long terme ?

Si oui, vous avez bien fait de renoncer : faire du jogging n’est pas relié profondément à une valeur ou un besoin personnel. Vous pouvez retourner à votre vie sans ce pénible poids fait de la culpabilité et du sentiment d’échec qui accompagnent la procrastination. Vous voici libérés de ce « je devrais ». Bonne route 🙂

Sinon …

« alternative »

Le moins qu’on puisse dire est que vous semblez y tenir à ce jogging.

Dans ce cas :

Observez bien ce que va raconter votre esprit pendant et après la phrase suivante :

ALLEZ, HOP, HOP, HOP, ON CHAUSSE SES BASQUETTES ET ON VA FAIRE LE TOUR DU PATE DE MAISON ! VOUS N’AVEZ RIEN A FAIRE DEVANT UN ECRAN.

Puis revenez à la lecture de cet article, car la suite est tellement intéressante qu’il serait dommage de s’en priver.

Non, vraiment, allez courir

« Les bonnes raisons »

Il est possible que l’injonction précédente n’ait pas fonctionné. Pour être franc, je ne connais qu’une seule personne qui aurait mis ses chaussures et son short, et ce n’est pas moi. Elle devrait se reconnaître à la transpiration qui perle de son front en cet instant (lire cet article par 40° ne compte pas).

Quoi qu’il en soit, si vous avez vraiment fait cet exercice, vous avez probablement noté que certaines pensées sont arrivées à la lecture du « ALLEZ HOP ».

Vous avez sans doute remarqué l’une ou l’autre des pensées suivantes :

« j’ai un truc plus urgent à faire »

« il pleut dehors »

« je suis fatigué »

« non, mais, c’est quoi ce type qui me dit d’aller courir »

« Ah oui, tiens, c’est assez simple, ça devrait bien marcher avec … quelqu’un d’autre »

«  si je le fais, ça ferait trop plaisir à machin … »

Ou encore une autre pensée « bien pensante », ce que j’aime bien nommer : « une bonne raison ».

Il y a cinq catégories de bonnes raisons :

  • Les pensées obstacles (identifiant les difficultés … sans donner de solution)
  • Les critiques personnelles (mettant en avant nos manquements personnels)
  • Les comparaisons (à d’autres personnes plus compétentes ou chanceuses que nous)
  • Les prédictions d’échec (le pire du pire)
  • Les bons moments (dont les conditions d’apparition nous sont inconnues)

 

Votre esprit est une machine à produire de bonnes raisons en envisageant le pire pour vous éviter l’inconfort d’un échec potentiel. Parmi toutes les facultés de l’esprit, c’est aussi à ça qu’il sert.

Il convient donc de le laisser un peu de coté, d’observer ces « bonnes raisons » se présenter, — car elles se présenteront, à chaque fois, sans relâche — de les nommer (« tiens voici la pensée obstacle « tu n’y arriveras pas » »), et de les laisser passer en vous concentrant sur ce qui est important pour vous, la valeur ou le besoin qui sous-tend le fait d’aller courir. Si aucunes bonnes raisons ne se présentent, inquiétez-vous, c’est que quelque chose ne tourne pas rond … ou pas.

N’attendez donc pas qu’il n’y ait pas de bonnes raisons ou encore que ce soit le bon moment pour commencer à agir.

Face à une « bonne raison » vous avez un choix : faire ce qui est important pour vous ou lui donner raison ? Si vous lui donnez raison, qui dirige votre vie ?

J’ai une mauvaise nouvelle pour vous :

Vous allez devoir faire un effort.

Vous faire un peu violence aussi et probablement à chaque fois (ou presque). Pourquoi devriez vous faire un effort ?

En fait, vous ne devez rien faire. Faites confiance à votre expérience : que vous dit-elle à propos de l’obtention de ce qui a de la valeur à vos yeux ? Que vous dit-elle à propos de la réussite d’objectifs importants ? Effort ou farniente ? Travail ou oisiveté ?

A vous de choisir votre camp. Etes-vous de votre coté ou de celui de ceux, dont votre esprit, qui ne vous pensent pas à la hauteur de vous tenir à cette décision ?

Vous pensez que vous n’en êtes pas capable ?

Vous êtes alors tombés dans le piège de la réussite.

Ce n’est pas grave, il y a pire, et, bonne nouvelle, ça se soigne …

Le piège de la réussite

Première grande révélation : la réussite est une bonne raison.

Deuxième grande révélation : Il n’y a pas de réussite. Il y a faire ou ne pas faire.

La réussite implique l’échec et l’échec est l’un des immobilisants les plus puissants connus à ce jour. L’être humain est programmé pour avoir peur de celle-ci. Elle est terrifiante.

« Essayer » est un concept relié à l’échec. Il ne fonctionne que moyennement, dans la mesure où il anticipe celui-ci. De plus, il peut transférer à l’action des propriétés issue de la prudence : une forme d’hésitante lenteur et un dynamisme réduit. Verdict : n’essayez surtout pas !

Pratiquez, entrainez-vous. Vous allez voir, ça marche bien mieux. Entrainez-vous à courir.

La probabilité d’activation bien plus puissante dans « je m’entraine » que dans « j’essaye ». « Essayer » entrave plus l’action que ne la dynamise. « Entrainer » est davantage relié sémantiquement à la pratique qu’à l’échec. Pratiquer, s’exercer, c’est FAIRE.

Que vous raconte votre expérience à ce propos ?

Il y a faire, l’entrainement, et ne pas faire, ne pas s’entrainer. Ne pas s’entrainer n’est pas un échec. C’est un choix. Aller à l’entrainement, on le sait, demande un effort.

j’entends une petite voix (dans ma tête) qui me dit : oui mais, en fait, est-ce que ce ne serait pas une question de confiance …

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Cette petite vidéo illustre très bien la question de confiance … ou pas. Elle est amusante en fait, c’est pour ça que je l’ai mise …

 La confiance en soi

Tout un thème … immobilisant, comme la motivation ou encore « essayer ».

Beaucoup de Maitre du développement personnel vont vous parler de la confiance en soi, voir de l’estime de soi ou encore, la VRAIE confiance en soi … comme moteur de l’action.

Mon idée est légèrement différente.

Ne vous agrippez pas ce concept. Prenons l’exemple d’Arthur pour mieux comprendre.

Arthur n’a pas confiance en lui. Il voudrait bien aller voir son boss, mais n’ose pas PARCE QU’il n’a pas confiance en lui. Il aimerait bien faire la connaissance de la jolie femme qui partage le bus du matin avec lui, mais il n’ose pas PARCE QU’il n’a pas confiance en lui.
Pour Arthur, la confiance est un sentiment, un quelque chose qu’il devrait ressentir, ou ne pas ressentir. La confiance serait l’absence de peur. Sans ce ressenti, il s’empêche d’agir.

Ne vous méprenez pas sur Arthur, il est comme vous et moi. Il a grandit dans une culture qui onit la peur, où la tendresse, la compassion et la fragilité n’ont pas leur place.

Arthur a grandit dans le mensonge, comme vous et moi, d’un monde où la confiance en soi est synonyme d’absence de peur.

Or, la peur n’est pas mauvaise en soi, j’en veux pour preuve …

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Le piège de la confiance en soi est que nous attendons de ne plus avoir peur pour agir en direction de ce qui a de l’importance à nos yeux.

Cet attentisme est totalement dysfonctionnel si on considère la peur comme le signal que notre corps nous envoie pour nous dire qu’il y a quelque chose d’important qui se passe ou qui pourrait se passer. La peur prépare notre corps à agir.

Attendre de ne pas avoir peur pour agir revient à ne s’engager que dans des directions sans importance. Cela revient à rester sur le quai et voir le train de sa vie partir.

Si la confiance n’est pas l’absence de peur, alors qu’elle est sa vraie nature ?

La vraie nature de la confiance en soi

Tenez vous bien car je vais vous révéler l’ultime secret de la confiance en soi.

La confiance en soi est … une action.

Encore un truc de comportementaliste ? oui et non. Oui, car ça m’arrange bien de considérer la confiance en soi comme une action et non car c’est la deuxième définition du dictionnaire du mot confiance : un acte de foi. Faire confiance est s’en remettre à quelqu’un. Ce qui ne signifie pas être exempt de peur ou d’anxiété.

Avoir confiance en soi est donc agir avec confiance.

Comment agit une personne qui inspire la confiance ?Laissez-moi vous en proposer une description :

  • Elle est droite (tout en pouvant ressentir le découragement),
  • posée (tout en pouvant être intérieurement agitée),
  • calme (tout en pouvant être effrayée ou en colère),
  • déterminée (tout en éprouvant le doute).

Le secret de la confiance en soi est d’agir en incarnant la confiance et en laissant une place à la peur. Le sentiment de confiance en soi résultera de l’expérience et grandira à mesure que vos succès s’engrangeront. Sans pratique, pas d’expérience. Sans expérience pas de compétence. Sans compétence pas de réussite (sauf par chance). Sans réussite, pas de confiance.

Le sentiment nait de l’action et non l’inverse.

Alors en route, la confiance suivra.

le piège de la TO DO list

Un article sur la procrastination ne serait pas complet si je ne vous parlais pas des fameuses TO DO LIST ou liste de choses à faire.

Mon conseil : ne faites pas de liste si vous n’envisagez pas de la commencer dès que vous l’avez rédigé.

La TO DO LIST est une arme à double tranchant. Elle est, à l’origine, un outil d’organisation de l’action très efficace. Elle revête également des consonances rassurantes : on y voit plus clair quand on fait une TO DO LIST, ce qui a tendance à diminuer le niveau d’anxiété. Or, cette diminution de l’anxiété peut parfois entrainer une diminution de la motivation à agir si la peur était le moteur de l’action.

Pour ma part, je vous conseille de fonctionner avec trois listes :

  1. TO DO LIST : La liste des choses à faire dans la journée
  2. TO NOT DO LIST : La liste des choses à ne pas faire (chronophages, inutiles et distracteurs, merci David)
  3. PROCRASTINATE LIST : La liste des choses à faire que vous reportez depuis plusieurs jours

Réserver également une période dans la semaine où vous ferez votre PROCRASTINATE LIST.

Cette période de temps ne doit être consacrée à rien d’autre. Si vous souhaitez procrastiner votre PROCRASTINATE LIST, vous ne pouvez rien faire d’autre pendant le temps que vous vous êtes imparti. Par exemple, rester devant un mur blanc pendant l’heure ou la demi heure que vous avez prévu de consacrer à votre PROCRASTINATE LIST.

Pendant ce temps que vous aurez déterminer à l’avance, bloquer tous les distracteurs habituels (votre TO NOT DO LIST) qui pourrait vous détourner de la tâche.

Les récompenses

Les récompenses sont fondamentales pour encourager la poursuite d’un comportement.

Rappelez vous qu’un comportement suivi de bénéfices à court terme a plus de chance de se réaliser.

Lorsque vous réaliser au quotidien les taches que vous avez l’habitude de reporter, n’oubliez pas de vous reconnecter à ce qui sous-tend le comportement : les valeurs et les besoins. Savoir pourquoi on fait les choses, même anodines, est renforçant par essence : on est juste, à la bonne place.

Sentir qu’on est au bon endroit dans sa vie, prendre un peu de temps pour savourer cet instant est un moment précieux, même au milieu des odeurs de poubelles que l’on vient de sortir pour prendre soin de son cadre de vie.

Dans votre cheminement, n’oubliez pas que l’important n’est pas tellement les objectifs que vous vous fixez, mais le fait d’être sur le chemin de la réalisation de vos valeurs et de le parcourir.

Ne perdez jamais de vue vos valeurs et vos motivations profondes. Ce sont elles qui vous permettrons de garder la tête hors de l’eau lorsque vous rencontrerez un échec. Un événement est vécu comme un échec que s’il est interpréter comme tel. En portant votre conscience au niveau le plus élevé de vos actions, c’est-à-dire au-delà des buts et objectifs, vous vous préservez des conséquences de « l’échec » car, comme le dit brillamment Olivier Clerc : « même lorsqu’elle recule, la rivière avance ».

« Conclusion »

Pour conclure, je ne peux que m’inspirer de la parfaite conclusion de David Vandenbosch dans son excellent article sur la procrastination :

Egide Altenloh
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