Hasard ? Coïncidence ?

Hasard ?

Coïncidence ?

La vie est surprenante. Elle vous réserve toujours un petit quelque-chose d’unique, de savoureux, là, sous vos yeux.

Je suis parti ce matin pour rejoindre un gîte.

En pleine campagne.

Froidchapelle, à deux pas des Lacs de l’Eau d’Heure.

Dans un cri de joie, je trouve enfin cette rue inconnue de mon GPS, non sans quelques détours et moments de désespoir. Dans la cour de cette vieille ferme en L, je suis accueilli par un plumet virevoltant au bout duquel est attaché un chien. Le plumet et son captif semblent me montrer le chemin vers une porte, toute petite.

J’y entre en n’oubliant pas de remercier mes guides. Une table ovale faisant office de présentoir pour une documentation débordante, plusieurs fardes noires affichant un « important » inquiétant, quelques morceaux de branches mortes en guise de décoration, un petit panier avec quatre mandarines reposant sur le Livre d’Or dans lequel « on n’est pas obligé de laisser un petit mot ». A sa gauche, une bibliothèque aligne plusieurs titres bien connus de ma pauvre culture : « le Prophète », « Le père Goriot », « Madame Bovary », « Bonjour tristesse », « Rhinocéros », « Le rêve » … quelques SAS, un peu de bibliothèque verte, deux vieilles archives de Tintin et d’autres, moins connus de ma mince culture livresque. Un titre attire mon attention : « Les Forces De La Vie » de Martin Gray, 1975, Edition Robert Laffont.

Une petite note se cache entre deux pages collées : « Ce dimanche ?? avril 1975. En souvenir de Jacques, mon amour, qu’en ce jour j’ai perdu … ». Le jour a été gommé, laissant, à la place, une cicatrice de papier.

Emu par cet exorde aussi bouleversant qu’énigmatique, mon esprit s’évade. La voix souriante de cette dame que j’ai eu au téléphone hier s’enrichit d’un visage, d’une expression, d’un contexte. Je l’imagine un dimanche d’avril 1975, par un début de printemps pluvieux. Réfugiée dans une librairie, elle tente de donner un sens à son chagrin et est attirée par un livre, celui-là même que je tiens dans les mains. Elle le prend et en lit quelques lignes qui la convainquent qu’il sera un compagnon de choix pour sa tristesse.

J’ouvre une page au hasard et voici ce que le livre me raconte :

« Vous allez vous lever

Et durant CINQ minutes

Vous respirerez lentement

Profondément

Les mains ouvertes le long du corps.

Les yeux fermés

Avec ce calme qui entrera en vous

En pensant que vous êtes

Comme une plante

Taillé dans la même matière que

L’Univers entier

Et que vous allez puiser

En lui votre force.

Parce que vous êtes prêt à accueillir

Le message de la Vie. »

Hasard ? Coïncidence ?

Egide Altenloh
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