La chaise vide – exercice pleine conscience et acceptation

 

La technique de la chaise vide fait partie des dialogues externes avec un autre que soi. Elle permet de travailler les séparations, le deuil, les abus, les traumas.

Elle nécessite ce qu’on appelle l’inversion de rôle, très utilisé en psychodrame, qui implique de s’immerger dans la peau d’une autre personne, depuis son point de vue, dans une perspective emphatique avec ce qu’elle pourrait ressentir et avoir comme opinion de façon à explorer celle-ci « depuis l’intérieur ».

Procédure

Le thérapeute propose d’inviter la personne perdue ou décédée sur la chaise en face du patient. Pour faciliter l’accès aux émotions, le thérapeute peut demander de décrire la personne en face (âge, apparence, état émotionnel, expression du visage, posture sur la chaise) et aider le patient à explorer ce qu’il ressent en voyant cette personne.

Après cette phase d’activation, le thérapeute encourage le patient à exprimer, à la première et deuxième personne, l’ensemble de ces sentiments à la personne perdue, à la perte, au manque. Cela peut aller de la tristesse, à la colère en passant par l’amour et la peur. Tout est permis.

Le thérapeute encourage le patient à exprimer ses émotions de façon puissante. Cela inclus de rappeler des souvenirs, de déposer des photos ou d’autres moyens de se rappeler la personne sur la chaise vide.

Nous encourageons le thérapeute à donner l’autorisation au patient d’exprimer aussi ses émotions qui ne sont pas en accord avec nos normes culturelles, comme la colère et la frustration, voir même la joie. Le thérapeute peut expliquer au patient que l’expression des émotions négatives, toutes les émotions négatives ressenties, permettent de sortir de ce blocage dans lequel elle se trouve par rapport à cette personne et, au final, de déboucher sur un amour plus profond encore de la personne décédée.

Le patient peut, mais ne doit pas, changer de rôle et parler depuis la perspective de la personne décédée. Cela peut déboucher à un changement de perspective intéressant et impossible à anticiper par la personne avant le changement de chaise.

Après avoir donné la parole à la personne disparue, le patient retourne sur sa chaise et reprend la parole pour un dernier au revoir. Il arrive que certains patients ne souhaitent pas dire au revoir à la personne décédée. Ne vous acharnez pas en tant que thérapeute. Expliquez simplement au patient que sa décision est pleinement justifiée et qu’il y a du sens à ne pas vouloir le faire, que ce qui est important est qu’il puisse être en paix avec cette absence.

Lorsque la personne a perdu plusieurs personnes, Blatner (1999) suggère de disposer plusieurs chaises vides en face du patient et il peut s’adresser à chacun deux individuellement ou en tant que groupe. En thérapie de couple ou familiale, lorsqu’un membre n’est pas présent, la chaise vide permet de signaler sa présence et lorsque le patient parle de la personne absente, elle parle directement à la chaise (Leveton, 2001).

N’hésitez pas à utiliser autant de chaises que d’intervenants dans une difficulté comme par exemple une mère silencieuse et une fratrie co-victime dans un travail avec un patient ayant subi des abus de la part de son père.

Dans un groupe thérapeutique ou dans une équipe de travail, lorsqu’un participant disparait, quelles qu’en soient les raisons, et que son absence a un impact sur le groupe, il est possible de travailler aussi avec une chaise vide, représentant la personne disparue (départ, décès) et d’autoriser le groupe à exprimer ce qu’il ressent par rapport à cette personne, à son départ, à son absence.

 

Egide Altenloh
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