En parcourant le blog d’un psychologue américain, Mark Webster (qui n’est plus accessible au moment de la publication de cet article), un des fondateurs d’un outil clinique ACT très intéressant, j’ai lu un article concernant les difficultés de passer à l’acte, les obstacles sur la route du changement. Mark Webster souligne 5 difficultés qui se posent sur le chemin du changement. Je vous les présente ci-dessous, en précisant les processus psychologiques en jeu dans ces obstacles.
Le premier obstacle est la prise de conscience du problème. Prendre conscience que l’on a un problème est une expérience aversive et nous avons tendance à éviter les expériences aversives. Or, cette étape est fondamentale pour commencer à chercher de l’aide.
Le second obstacle qui peut se présenter est que, pour envisager un changement global de fonctionnement, il est utile de penser aux conséquences de nos comportements à long terme si on maintient nos patterns comportementaux actuels. Or, penser à des conséquences négatives est aversif par l’effet bien connu du transfère de fonction des mots et pensées à l’expérience présente ou encore ce que Mark Webster appelle « l’effet citron » (pensez que vous avez un citron dans votre bouche, pensez au gout du citron, à sa pulpe se déposant sur votre langue … et vous pourrez expérimenter de l’acidité dans votre bouche, comme si vous aviez réellement un citron dans votre bouche). Comme nous avons tendance à éviter ce qui est aversif, nous avons tendance à éviter de penser aux conséquences à long terme de nos comportements dysfonctionnels actuels et donc nous ne favorisons pas les probabilités de changement.
Le troisième obstacle se présente lorsque nous avons reconnu le problème et que nous avons passé un peu de temps à imaginer les conséquences à long terme de notre comportement. Nous ne souhaitons pas ces conséquences. Cependant, quelle est l’alternative ? Pour penser à une alternative il faut d’abord abandonner le premier comportement, et cet espace sans solution, aussi court soit-il, est angoissant et nous avons une forte tendance à éviter de nous retrouver dans ce type d’espace d’expérience. Lorsque nous nous y retrouvons, nous avons tendance à nous y débattre pour en sortir à tout prix, quitte à nous accrocher à nos comportements dysfonctionnels à long terme pour un peu de répit à court terme. Cette phase, en ACT, est appelée de Désespoir Créateur. En thérapie, cette phase peut être facilitée par un recadrage sur l’utilité du comportement dans l’histoire de l’individu en même temps qu’en soulignant son caractère dysfonctionnel actuel. Ne se focaliser que sur le caractère dysfonctionnel actuel pose un contexte aversif qui favorise les comportements d’évitement.
Le quatrième obstacle se produit lorsque vous êtes arrivé dans cette phase où vous êtes d’accord de lâcher prise. Vous allez quitter un comportement qui vous est familier, et, un peu comme perdre un vieil ami, cela nécessite une forme de deuil. Or, les deuils impliquent de vivre des ressentis désagréables. Vous connaissez la suite : citron, citron, citron …
Le dernier obstacle relevé par Mark Webster se produit lorsque nous pensons aux essais erreurs que nous allons devoir faire pour tester les nouveaux comportements dont nous n’avons pas encore connaissance. L’avenir incertain et les expériences d’apprentissage qui impliquent inévitablement des échecs rappellent en mémoire d’anciens souvenirs d’échecs et de doutes quant à sa capacité à y arriver. Expérience inconfortable. Evitement.
L’obstacle majeur au changement est donc, selon Mark Webster, l’évitement des expériences intérieures qu’implique la dynamique du changement.
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Changer n’est donc pas si simple et implique un grand inconfort, personnel et relationnel. Sans inconfort (à court terme), pas de changement. Sans changement, pas de confort (à long terme).
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