Les contacts physiques en thérapie – pour une approche éthique, respectueuse et fonctionnelle

 

lien vers un excellent article en anglais sur le toucher en thérapie.

http://www.zurinstitute.com/touchintherapy.html

Le toucher est un puissant vecteur thérapeutique. Or il existe un véritable tabou autour de lui.

Les origines de ce tabou sont multiples. Tout d’abord culturels. Dans la culture occidentale, le toucher est associé au sexe de façon plus ou moins généralisée selon les cultures locales. Les tabous occidentaux reliés au toucher son légion : ne pas toucher quelqu’un du sexe opposé, ne pas toucher un ami du même sexe, ne pas toucher les étrangers, ne pas toucher les personnes âgées, les malades et les mourants, ne pas toucher les enfants, ne pas toucher les supérieurs hiérarchiques, ne pas se toucher en publique … Ensuite, dans la culture psy, la psychanalyse a rapidement proscrit tout contact physique avec force, comme en témoigne l’opinion tranchée de Menninger (1958) : « La transgression de l’interdiction du contact physique constitue une preuve de l’incompétence ou de la rudesse criminelle de l’analyste ».

Cependant, de nombreux autres paradigmes thérapeutiques utilisent le toucher à des fins thérapeutiques comme la Gestalt et divers courants humanistes.

Le toucher est un sens très puissant ayant la possibilité tant d’évoquer l’apaisement que l’activation.

Si on se réfère à la classification de Zur (2011), on peut recenser différents types de toucher :

    • Approprié ou inapproprié
    • Ethique ou non
    • Sexuel ou non
    • Apaisant, activant ou neutre
    • Réconfortant ou dérangeant
    • Initié par le thérapeute ou par le patient

Selon Gelb (1982), pour être thérapeutique, le toucher doit respecter à minima quatre conditions :

    • des limites claires
    • un toucher congruent
    • le sentiment chez le patient qu’il contrôle les modalités du toucher
    • le sentiment chez le patient que le toucher est pratiqué pour son propre bénéfice et non pour celui du thérapeute.

En effet, pour être thérapeutique, le toucher doit rencontrer certains critères et il convient de poser un certain cadre pour s’y initier en toute sécurité en tant que thérapeute et en toute sécurité pour nos patients.

Balises pour s’initier au travail thérapeutique par le toucher
Si vous avez des réserves, un doute, une hésitation, abstenez-vous
Si il existe une attraction sexuelle, chez le thérapeute et/ou chez le patient, abstenez-vous
Congruence entre l’intimité physique et émotionnelle : souvent inapproprié en début de relation
Relation thérapeutique solide pour pouvoir tolérer une erreur dans le toucher

Lorsque ces réserves sont sécurisées, il convient de contextualiser le toucher, pour favoriser un sentiment de contrôle chez le patient sur celui-ci.

Comment pratiquer le toucher ?
Demander la permission au patient pour initier et arrêter le toucher
Débriefer sur l’expérience après le contact : clarifier les limites, normaliser les émotions, aborder la question de l’attraction sexuelle
proscription du toucher des zones intimes et érogènes fortes
Questions à se poser avant de toucher
De qui est-ce le besoin ?
Qu’est-ce que je représente pour le patient ? Qu’est-ce que mon toucher représentera pour le patient ?
Le toucher va-t-il permettre au patient d’éviter une expérience nécessaire ?
Est-ce que le toucher va aider le patient à accéder à ses ressources ?

Lorsque toutes les précautions sont rencontrées, vous pouvez y aller.

Le toucher d’apaisement

Prendre la main du patient, entourer son épaule de façon soutenante, le prendre dans les bras sont différentes façons d’utiliser le toucher qui permettent d’apaiser et de réduire l’isolement du patient dans sa détresse. N’oubliez pas de demander l’autorisation, tant pour initier que terminer le contact. Dès le début du contact, autoriser le patient à interrompre le contact dès qu’il le souhaite.

Le toucher d’activation

Vous pouvez toucher les zones où le patient ressent certaines émotions pour améliorer la netteté de celles-ci. Ajustez avec le patient la pression et le contact de façon à ce que cela puisse correspondre au mieux à ce qu’il ressent. Ici aussi, n’oubliez pas de demander l’autorisation, tant pour initier que terminer le contact. Dès le début du contact, autoriser le patient à interrompre celui-ci ou à le modifier quand il le souhaite. Pour faciliter le sentiment de contrôle, Le patient peut déposer sa main entre son corps et la main du thérapeute, celle-ci étant posée sur la main du patient.

Le toucher d’exploration

Le patient explique au thérapeute ce qu’il ressent en le touchant aux endroits où il ressent ces sensations (pression dans le ventre, gorge serrée …). L’idée est de permettre au patient de faire vivre au thérapeute de l’intérieur ce qu’il ressent. Toutes les précautions d’usage et les questions sont à vérifier avec de commencer cette pratique, en particulier la question du besoin du thérapeute et de son attirance sexuelle pour le patient. Ici aussi, le thérapeute peut mettre sa main lui-même sur son corps et celle du patient sur la sienne pour guider la pression et le mouvement.

Ultimes précautions

Veillez toujours à demander si le patient ne ressent pas de malaise particulier en relation au contact physique avec vous.

Certaines pratiques corporelles vont bien plus loin dans le contact comme les techniques de contention. Ne vous y aventurez pas sans une formation solide à cette technique.

Le contact physique est à éviter dans certaines situations, comme lorsque le patient investit d’une façon non thérapeutique le thérapeute ou remet totalement entre ses mains la responsabilité du changement thérapeutique.

Egide Altenloh
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