La confiance en soi. Voilà un thème récurent en consultation. J’ai toujours eu beaucoup de difficultés avec ce thème car je ne l’ai jamais vraiment compris.
C’est un problème récurent chez moi : les thèmes à la mode, je ne les comprends pas vraiment bien.
Les thèmes de consultation à la mode ont une particularité commune : on écrit beaucoup de livres dessus. Ceux qui sont les mieux acceptés par le public sont les livres présentant le thème comme une spécificité, comme quelque chose d’unique nécessitant un traitement adapté. Il en va ainsi des HP, des manip, des hypersensibles etc. La liste est longue. Or, jusqu’à aujourd’hui, il n’a jamais été mis en évidence, quelle que soit la thématique, une caractéristique qui serait à ce point spécifique qu’elle ne serait valable que pour la thématique en question. Du coup, si vous êtes un peu comme moi et que votre ami est plus google scholar que psychologie magasine, il y a un décalage entre ce que croit le patient et ce que vous avez appris. Et, fort malheureusement, il y a également un décalage entre ce que disent les scientifiques et ce que disent les auteurs à succès.
Concernant le thème de la confiance en soi la façon de faire jusqu’à présent était de suivre l’idée proposée par Kristin Neff et de dévier vers la compassion pour soi en présentant son raisonnement au patient : la confiance en soi est ce que nous avons lorsque nous réussissons. Lorsque nous sommes confronté à l’échec, il est normal de ne plus avoir confiance en soi. Ce dont on a besoin lorsque nous essuyons un échec dans notre vie, ce n’est pas de la confiance en soi ou de l’estime de soi. Nous n’en avons certes pas à ce moment-là, mais ce n’est pas ce dont on a vraiment besoin. Ce dont on a besoin c’est de ne pas s’enfoncer plus. Pour cela, il nous faut développer une attitude compassionnelle envers soi-même, une attitude aidante, compréhensive, soutenante.
Et cela fonctionne assez bien.
Cependant, c’est un peu remplacer une étiquette par une autre.
Depuis quelques-temps je teste avec succès une nouvelle approche, plus cohérente avec l’ACT, que je partage avec vous aujourd’hui.
En fait, il ne s’agit pas d’améliorer la confiance en soi, mais de travailler autour du manque de confiance en soi.
Le manque de confiance en soi est une étiquette verbale que la personne utilise pour identifier un ensemble d’expériences intérieures inconfortables dont les tentatives de contrôle inopérantes ont de lourdes conséquences sur sa vie. Si lourdes qu’elle en vient à se dire qu’elle a besoin d’aide pour arriver à enfin contrôler ce qu’elle appelle « manque de confiance en moi ».
Pour concrétiser ce qu’est le manque confiance en soi pour la personne, le moyen le plus simple est de revenir aux bases : l’analyse fonctionnelle.
Quand est-ce que ce manque de confiance se manifeste le plus/le moins ?
Que ressent la personne lorsque ce manque de confiance en soi est présent ?
Quelles sont les pensées associées au manque de confiance en soi ?
Et ainsi de suite.
L’utilité de cette approche est qu’elle met au jour les processus sous-jacents qui sont spécifiques pour cette personne. Est-ce un moment de doute ? Est-ce de la peur d’échouer ? Est-ce la peur du jugement ? Est-ce la peur d’être rejeté ? Est-ce … ? Il y a tellement de déclencheurs qui débouchent à cet étiquetage « manque de confiance en soi » qu’il est nécessaire, pour pouvoir aider la personne, de faire comme si pour vous les mots « confiance en soi » n’avaient pas de sens.
La boîte à outils standard du thérapeute ACT travaillant sur ces processus, elle est donc bien suffisante pour pouvoir traiter cette thématique (ainsi que bien d’autres).
Mais comme l’être humain est friand de « spécificités » il n’est pas impossible qu’un jour ou l’autre je partage avec vous mes petits exercices « spécial confiance en soi », comme le travail de l’humilité (si si, les personnes en manque de confiance en soi ont besoin d’apprendre l’humilité), le retour aux faits, l’exercice « Alice et le chapelier fou » ou encore d’autres petites activités thérapeutiques amusantes (pour autant que thérapeute soit un tant soit peu sadique).
Ouais, mais c’est pas de la spécificité ça ? Non, c’est de l’adaptation.
C’est un peu comme un couteau. Un couteau, ça coupe (sauf le couteau à beurre, mais passons).
Lorsque je veux couper un steak, j’utilise un couteau à steak. Mais je ne vais pas l’utiliser pour manger du poisson, couper un fruit, ou éplucher des pommes de terre. Pour ça, j’ai d’autres couteaux. Lorsque je bricole dans ma maison, je n’utilise pas mon couteau à steak mais un cutter lorsque j’ai besoin d’une lame.
Les exercices sont tous des couteaux, certains sont plus adaptés à une situation que d’autres. Mais dans l’ensemble, ils fonctionnent tous de la même façon. Il n’y a rien de spécifique. Un couteau, ça coupe (sauf le couteau à beurre).
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Merci Valérie !