Quand La part d’Ombre va sur les chaises

Ce matin, avec un patient, nous avons fait quelque chose d’inhabituel.

J’étais en train de tailler le bout de gras avec sa Part d’Ombre et il est apparu que celle-ci était restée bloquée dans le passé, sur des événements qui ont été néfastes pour le patient.

Pour vous en dire plus sur cette Part d’Ombre, c’est une véritable machine de guerre. Elle passe à l’attaque sur tout ce qui bouge et fait feu de tout bois. C’est particulièrement pesant pour le patient qui s’énerve régulièrement pour ce qu’il trouve être des broutilles et se retient de ne pas sauter à la gorge des êtres humains qui croisent son chemin.

Cette Part d’Ombre est arrivée dans la vie du patient pour le protéger de tous nouveaux abus. Et c’est clair d’avec elle, il n’y a rien qui puisse passer. Elle fait véritablement rempart à tout ce qui pourrait être une agression, de près ou de loin, imaginaire ou réelle.

En discutant avec elle, il est apparu qu’elle ne faisait pas confiance au patient pour pouvoir prendre soin de lui et se protéger par lui-même.

Ce n’était pas la première fois que nous discutions ensemble. Les choses avaient déjà bien évoluées depuis notre dernière rencontre : le patient était bien plus conscient de sa présence lorsqu’elle se manifestait.

Je me suis dit que ce serait intéressant de lui proposer de parler avec le patient. Mais nous étions déjà engagé dans le processus d’externalisation.

Je lui propose donc de faire un exercice des deux chaises, avec le patient sur la chaise en face.

Les rôles étaient inversés par rapport à un « deux chaises » traditionnel, mais le protocole reste le même. À ce moment-là, j’étais le thérapeute de la Part d’Ombre.

On a réalisé juste un aller-retour et déjà la Part d’Ombre avait une opinion plus flexible à propos du patient.

En quoi est-ce intéressant tout ça ?

C’est dans la façon dont vous, thérapeute, jouez le jeu de l’externalisation. Vous parlez réellement à une autre personne. Ce n’est pas un jeu. Ce n’est plus le patient. On ne métacommunique pas avec le patient pendant l’exercice. Outre les cadres déictiques d’identité et de spatialité inhérents à ce type de protocole, les cadres relationnels importants utilisés ici sont un cadre de différence et un cadre de hiérarchie. On jongle avec les deux. En début et en fin du processus d’externalisation, on favorise le cadre de hiérarchie. Pendant le processus, on favorise le cadre de différence.

Pourquoi ? Pour une raison simple : en favorisant la fusion au rôle de la Part d’Ombre, si vous avez pris toutes les précautions stratégiques de départ concernant le patient, vous favorisez la défusion à celle-ci par la suite et la prise de conscience de sa présence lorsque c’est elle qui est aux commandes dans le quotidien du patient.

Comment fait-on ça encore ?

C’est un autre secret de cuisine que je vous donnerai sans doute un jour 😉

 

Egide Altenloh
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