Exercice pleine conscience et acceptation | L’art du Kintsugi

Connaissez-vous l’art du Kintsugi ? C’est un art japonais de réparation des objets. La philosophie de cet art est de prendre en compte l’histoire de l’objet, de mettre en évidence son passé, de recoller ce qui a été brisé, sans tenter d’effacer la cicatrice, bien au contraire. Le Kintsugi est une réparation avec de l’or. Cela donne aux objets une unicité et une présence fascinante.

Cette philosophie est très inspirante dans la mesure où elle sublime un événement négatif, où la force et la beauté de l’objet résident dans ce qui a été brisé. Ces fêlures vont bien plus loin que de permettre à la lumière de venir nous éclairer à l’intérieur : elle permet à notre lumière intérieure de venir éclairer notre vie et les gens que nous aimons. La lumière vient de l’intérieur et rayonne, à l’image des bols et autres objets passés par le Kintsugi, d’une aura singulière.

Comment pratiquer le Kintsugi en auto-traitement ?

Vous avez le sentiment que quelque chose a été brisé en vous. Il est possible que vous sachiez ce qui est brisé et pourquoi c’est brisé. Il est possible également que vous ne le sachiez pas. Quelle que soit votre situation, vous pouvez pratiquer les cinq étapes de l’exercice suivant.

Exercice d’exploration du ressenti

Installez-vous dans un endroit calme et commencez à respirer tranquillement.

Portez toute votre attention sur votre respiration. Pendant cet exercice, votre respiration sera votre guide, votre fil d’Ariane. Prenez-en soin.

Au cours de cet exercice, vous allez poser des questions à votre corps, sans tenter d’y répondre. Laissez votre corps faire émerger sa propre réponse.

Posez-vous la question suivante : « comment je vais aujourd’hui ? » et laisser votre ressenti résonner avec cette question. Observez ce qui se présente comme réponse corporelle : les ressentis, les images, les pensées.

Posez-vous à présent la question suivante : « Qu’est-ce qui est cassé, brisé en moi ? » « Depuis quand est-ce présent ? » Et laissez à nouveau votre ressenti formuler sa réponse.

Si rien ne vient directement, patientez. Répétez en vous-même les questions en respirant dans chacun des mots et dans l’espace entre ceux-ci.

Lorsque votre corps vous répond, à sa façon, prenez un peu de temps, 1 à 2 minutes, pour rester simplement avec cette réponse, en observant celle-ci, en lui permettant de se déployer à l’intérieur de vous.

Vous pouvez ensuite passer à l’exercice suivant.

Trouver la blessure

Posez la question suivante à votre ressenti : « si c’était une image, une scène, un dessin, qu’est-ce que ce serait ? » Laissez, ici aussi, votre ressenti répondre en lui laissant le temps de formuler sa réponse. Répétez lentement cette question, encore et encore, jusqu’à ce qu’une image cohérente vous apparaisse.

Trouver le symbole

Lorsque vous avez votre image, trouvez en une représentation, dessinez-là ou trouvez-en une représentation sur internet puis imprimez-là. Cette étape peut prendre du temps. Si vous utilisez une image que vous n’avez pas créée, prenez le temps de bien la choisir. Elle doit représenter ce qui a été brisé en vous. Lorsque vous pensez avoir trouvé la bonne image, prenez un peu de temps pour rappeler votre ressenti et faire résonner cette image avec lui. Si votre corps vous dit que c’est bon, alors vous pouvez passer à l’étape suivante.

Déchirer

Imprimez cette image si elle ne vient pas de vous, et passez un peu de temps avec elle. Explorez celle-ci dans les moindre détails tout en restant attentif à ce que votre corps vous raconte.

Rappelez le ressenti de ce qui a été brisé en vous.

Lorsque vous êtes profondément connecté à ce ressenti, commencez à déchirer votre image de la façon dont le ressenti a été brisé. A chaque geste, prenez une inspiration et observez comment votre corps répond à cette déchirure. Procédez ainsi jusqu’à ce que le tas de morceaux représente votre état actuel.

Récupérez chaque morceau, un a un et pour chacun, observez ce qu’il représente pour vous, ce qui est important dans ce morceau et la façon dont il parle de vous. Lorsque vous avez ramassé chaque morceau de cette façon, rassemblez ceux-ci dans une enveloppe et laissez celle-ci dans un endroit sûr pour y revenir le lendemain ou dans la semaine.

Réparer

Le lendemain et quelques jours plus tard, revenez à votre enveloppe. Votre tâche maintenant est de recomposer quelque chose avec ces morceaux. Vous pouvez ou non revenir à l’image d’origine. Tout est possible. Tant dans la forme que dans la façon de « recoller les morceaux ».

Lorsque vous aurez un résultat satisfaisant, prenez un peu de temps pour contempler votre reconstruction. Posez-vous la question « En quoi ce qui se trouve là devant moi porte une réponse à mes difficultés ? » Et, encore une fois, écoutez votre réponse corporelle.

Comment pratiquer le Kintsugi en accompagnement ?

Beaucoup de nos patients ont l’impression que quelque chose a été brisé en eux. Nous-mêmes, thérapeutes, ne sommes pas à l’abri de choc si important qu’il change à jamais la façon dont nous nous considérons.

Pour réaliser cet exercice, proposez au patient de venir à la prochaine séance avec, dans une enveloppe, une photo ou un dessin qui représente ce qui a été brisé en lui. Ce quelque chose qu’il avait et qu’il n’a plus maintenant. Informez-le tout de même que vous allez déchirer l’objet en question, et donc que ce serait bien que la représentation soit sur un support-papier.

À la séance suivante, à l’aide de la représentation amenée par le patient, explorez ce qui, dans ce dessin ou cette photo, représente cette partie de lui brisée. Explorez-en les qualités. Proposez au patient de ressentir ces qualités, comme si elles étaient encore en lui ou comme si cela n’était pas brisé, comme ce qu’il pouvait ressentir avant.

Lorsque le patient est profondément en relation avec son ressenti, suggérez-lui d’en déchirer la représentation de la façon dont elle a été brisée tout en “rejouant” au niveau du ressenti le moment où cette chose, ce ressenti, a changé. Le moment où il s’est brisé.

Ensuite, proposez au patient de prendre chaque morceau (environ 10 maximum) et de vous en raconter l’histoire. Que représente ce morceau ? Qu’a-t-il d’important pour le patient ? Est-ce présent encore dans d’autres contextes, dans d’autres relations ? Comment va-t-il réintégrer cela dans sa vie aujourd’hui ?

Lorsque tous les morceaux ont été récupérés, rassemblez le tout et rangez-le dans l’enveloppe. Donnez l’enveloppe à votre patient et demandez-lui de recoller les bouts pour la séance suivante en ne tentant pas de cacher les déchirures, au contraire. Il n’est pas obligé de revenir à la représentation originale : il peut, s’il le souhaite, mélanger autrement les morceaux pour aboutir à quelque chose de nouveau. Et demandez-lui de revenir avec le résultat de ses travaux.

A la séance suivante, explorez avec le patient ce qu’il a ressenti quand il a fait ce travail de reconstruction. Explorez ce nouveau symbole avec le patient.

Que ressent-il en regardant cette image ?

Où se trouve cette sensation ?

En quoi est-elle similaire ou différente de ce qu’il ressentait à la séance précédente en regardant ce qu’il a perdu ?

En quoi cette nouvelle image est une réponse à une question qu’il se pose ?

Egide Altenloh
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