Qu’est-ce que l’ACT ? | Thérapie d’Acceptation et d’Engagement

La Thérapie d’Acceptation et d’Engagement (Acceptance and Commitment Therapy, Hayes, Strosahl & Wilson, 1999, 2011) s’inscrit dans le courant des thérapies comportementales et cognitives de troisième génération.

Ses principales caractéristiques sont la distanciation de ses pensées problématiques, l’acceptation de ses émotions et sensations difficiles ou douloureuses et l’engagement d’actions en phase avec « ses valeurs de vie librement choisies ».

Là où certaines approches cognitives visent à remettre en cause la réalité ou la rationalité de ses pensées, l’ACT propose plutôt de les reconnaitre comme des pensées, ni plus, ni moins, de s’en distancer et d’observer si ajuster son comportement sur ces pensées participe à nous faire avancer vers ce qui est important. Pour les émotions et sensations inconfortables et douloureuses, là où les thérapies comportementales et cognitives cherchent à obtenir une baisse de l’émotion ou une réduction des sensations à travers l’exposition, l’ACT vise à cultiver l’acceptation, c’est-à-dire l’accueil de la totalité de son expérience intérieure du moment. L’ACT suggère une nouvelle approche du travail sur les cognitions et les émotions.

Pour l’ACT, la psychopathologie nait et se renforce de la lutte contre son expérience intérieure, c’est-à-dire des actions que l’on engage pour ne pas ressentir ou penser quelque chose. C’est ce que l’on nomme l’évitement expérientiel. Cet évitement peut prendre bien des formes qui ont toutes en commun l’effort fait pour éviter ou changer son expérience intérieure — quand ces efforts limitent les actions qu’il serait important d’engager. Lorsque c’est le cas, l’évitement expérientiel résulte en un rétrécissement des actions engagées et une vie qui se vide de sens et de vitalité. À l’opposé de l’évitement expérientiel, l’ACT vise à promouvoir la flexibilité psychologique, qui représente la capacité d’accueillir la totalité de son expérience intérieure du moment afin de maintenir ou de modifier ses comportements visant à se rapprocher de ses valeurs de vie.

L’ACT n’est pas seulement une approche clinique. Hayes et ses collaborateurs l’ont forgé à partir d’une théorie du langage et de la cognition basée sur le conditionnement opérant de Skinner (1957) et qui élargit les théories de l’apprentissage aux processus cognitifs complexes : la Théorie des Cadres Relationnels (TCR, Hayes, Barnes-Holmes & Roche, 2001). Cette théorie rend compte de la manière dont les processus langagiers normaux nourrissent une relation littérale avec le produit de ses pensées et l’évitement expérientiel. Elle permet de comprendre pourquoi la lutte contre la souffrance est une aptitude propre aux humains dotés de langage. L’ACT est une application clinique de cette théorie.

Sur le plan philosophique, l’ACT est imprégné du contextualisme fonctionnel. Cette position philosophique soutient qu’un comportement est influencé par une multitude de facteurs externes (ex. cultures, politiques, normes sociales, histoire personnelle) et internes (ex. pensées, émotions, sensations ainsi que les relations qu’entretient la personne avec ses contenus personnels) : le contexte. Face à autant de variables d’influence, il est difficile de définir de façon univoque l’origine d’un comportement. Le contextualisme fonctionnel suggère d’analyser les comportements en partant par l’autre bout de la chaine comportementale : les conséquences. De ce point de vue, aucun comportement, aucune pensée ne sont « vrais » à priori. Ils sont utiles ou non. Leurs conséquences vont dans le sens attendu ou non en fonction des objectifs qu’on lui avait choisis. En résumé : est-ce que ça fonctionne ?

Pour répondre à cette question, l’ACT recommande d’observer le comportement depuis un angle fondamental : ce qui est important. Qu’est-ce qui est important ? Que recherche l’être humain ? De quoi a-t-il besoin pour « bien vivre » ? Ces questions, l’humanité se les pose depuis des millénaires. Elles ont reçu de nombreuses réponses. Une réponse en particulier est transversale à de nombreux courants philosophiques et psychothérapeutiques : le sens.

Étant donné que chaque être humain a une histoire propre, vit dans un contexte qui lui est unique, ce qui fera sens pour l’un ne le fera pas nécessairement pour l’autre. Le sens de la vie est personnel à chacun. Il n’y a rien de plus intime. Le sens que nous mettons dans notre vie est un facteur important qui nous défini.

Ce point de vue humaniste existentiel de l’ACT est développé à partir la notion de ce qui a de la valeur aux yeux de la personne et de l’engagement comportemental dans cette direction. Ce que je fais donne-t-il du sens à mon existence ? Mes comportements sont-ils empreints de mes valeurs personnelles ? Sinon, que puis-je faire pour m’engager, ici et maintenant, en direction de ce qui est important pour moi ?

La question du symptôme et de son élimination devient alors marginale. L’ACT ne cherche pas à modifier la fréquence, la forme ou le contenu des expériences psychologiques difficiles ou douloureuses. L’ACT préfère intervenir sur la manière dont le client/patient aborde ses expériences intérieures pour qu’elles ne fassent plus obstacle aux actions à entreprendre en direction de ce qu’il voudrait dans la vie. Cela implique d’encourager le client/patient à s’autoriser à agir en direction de ses valeurs, même lorsque ses expériences problématiques se présentent à lui.

L’acceptation, la défusion (c’est-à-dire la distanciation), le contact avec le moment présent (c’est-à-dire la pleine conscience) sont autant d’outils mis à la disposition du client/patient, non pas pour éliminer le « symptôme », mais pour accroître sa flexibilité en présence de celui-ci et lui permettre de choisir la direction qu’il aspire à prendre au regard de ce qui est important pour lui dans la vie.

En résumé, l’ACT est une thérapie qui met la pleine conscience, l’acceptation de ses émotions et la distanciation par rapport à ses pensées problématiques au service d’un engagement, ici et maintenant, de comportements permettant de se rapprocher de ses valeurs de vie personnelles.

Bibliographie

Hayes, S. C., Barnes-Holmes, D., & Roche, B. (2001). Relational frame theory: a post-Skinnerian account of human language and cognition. New York : Kluwer Academic/Plenum Publishers.

Hayes, S. C., Strosahl, K., & Wilson, K. G. (2011). Acceptance and commitment therapy: an experiential approach to behavior change. New York : Guilford Press.

Hayes, S.C, Strosahl, K.D., & Wilson, K.G. (2012). Acceptance and commitment therapy: The process and practice of mindful change (2nd edition). New York, NY : The Guilford Press.

Lien vers l’article original (du même auteur)

Egide Altenloh
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